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Entretien avec Michel Lévy – été 2021

Racontez-nous comment vous êtesdevenu sculpteur.

On ne choisit pas de devenir artiste, mais c’est ce qu’il y a à l’intérieur de soi qui force à l’être. Pour ma part, tout s’est joué dans l’enfance, j’avais deux passions : fabriquer des choses avec toute sorte d’éléments qui me tombaient dans les mains et attraper de petits animaux pour les disséquer et comprendre le fonctionnement du vivant. Ces deux passions ont conditionné ma vie : j’ai commencé par la sculpture, puis mon amour de la science m’a amené à faire des études de médecine. Durant quatre années, ces deux disciplines sont entrées en symbiose : j’ai créé le premier service d’art-thérapie en gérontologie, une manière d’ouvrir une fenêtre sur l’imaginaire pour des personnes devenues misérables. Cette expérience en médecine a profondément bouleversé mon travail de sculpteur. Mais ces deux métiers demandent un engagement complet, et j’ai dû choisir, ce qui a été un véritable déchirement pour moi.

 

Comment décririez-vous le style de vos sculptures ?

Je suis totalement autodidacte, absolument vierge de toute influence d’un maître. Par ailleurs, j’ai commencé ma carrière sans aucun argent, ce qui a été une véritable chance. En effet, pour subvenir à mes besoins, j’ai dû travailler notamment dans des fonderies où j’ai appris des techniques qui m’ont servi dans la sculpture. Cela a eu impact énorme dans mon travail et le bronze est devenue ma technique de prédilection.

 

Vous travaillez selon des cycles, cela correspond à des questionnements ou des intérêts esthétiques ?

Tous les artistes connaissent des périodesqui sont le reflet de leurâme. Pour ma part, je me refuse à faire tout le temps la même chose, même si cela pourrait être plus pertinent d’un point de vue commercial. Je suis un artiste symboliste, j’ai donc besoin d’un support de réflexion. J’ai ainsi eu des périodes très esthétiques puis des périodes plus dures, notamment avec la figure du nainqui évoquait la misère humaine, ou celle du poulet pour la cause animale.

 

Aujourd’hui, quels sont les thèmes qui traversent votre œuvre ?

Avec la crise sanitaire, nous traversons depuis deux années une période très sombre. Et aujourd’hui, paradoxalement, je me soigne avec la couleur en peignant des tableaux très colorés. A cet égard, je pense que le rôle de l’art a changé. Avant il se devait d’être le reflet de son époque, comme le pensait le peintre russe Kandinsky, mais nous vivons dans un moment tellement décourageant qu’à l’inverse, je pense que les artistes doivent être une lumière, un phare. L’art se doit d’être ce qu’il y a de plus noble, quelque chose de transcendantal, mais ce n’est malheureusement pas le chemin que prend la création contemporaine.

 

Propos recueillis par Claire Teysserre-Orion

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