POURQUOI DES SCULPTURES SUR DES POULETS ?
Révolté comme beaucoup de gens sur le traitement qu’on réserve aujourd’hui à l’animal (élevage et abattage en batterie), j'ai travaillé pendant 7 ans sur le thème du poulet en sculpture et en peinture.
J’ai choisi le poulet car c’est l’animal le plus banal et celui qui constitue la première source de protéines pour l’alimentation humaine.
Dans cette recherche, ce n’est pas la beauté de l’animal qui m’intéresse mais son identité. Le premier constat que j’ai fait est que le poulet aujourd’hui n’est plus considéré comme un être vivant mais comme une usine à protéines pour l’alimentation humaine.
La gageure de ces sculptures est de redonner au poulet, un poulet déplumé comme on le trouve prêt à la consommation, sa dignité qui est inhérente à son état d’animal. Il est mis en scène avec des nains car dans cette relation l’homme est très minimisé, perdu dans ses contradictions.Je représente le plus souvent des hommes sous forme de nains car je pense qu’ils ont beaucoup perdu sur le plan charismatique. Autant, l’évolution technologique que nous voyons autour de nous est extraordinaire, autant nous assistons sur le plan proprement humain à de plus en plus de phénomènes de barbarie. C’est pour cela, pour parler de l’involution charismatique de l’humain, je fais des hommes petits donc des nains.Les sculptures que je représente sont chargées de mille choses qui sont un reflet de la richissime relation qu’il y a eue entre l’homme et l’animal.Par exemple, des livres (histoires d’animaux, recherches scientifiques). Par exemple, des cordes (domestication de l’animal et son utilisation dans les travaux humains). Par exemple, des clés (mise en cage) et bien d’autres choses.
Nous sommes aujourd’hui l’espèce dominante sur cette terre, ce qui devrait nous donner non seulement des droits mais également des devoirs. Si on abuse aujourd’hui de nos droits, les devoirs que nous avons envers les animaux ne sont pas assumés, je n’en veux pour preuve que la multitude d’espèces animales qui disparaissent tous les jours.
Nous avons tendance à oublier que nous appartenons à une même chaîne. Le récent décryptage du génome humain et des génomes animaux montre la très grande proximité que nous avons avec eux.
Les quelques pourcentages de différences devraient nous inciter à plus de respect et plus de prudence.
Michel Levy